La malpropreté
par Richard Beaudet, éthologue
La malpropreté implique que l’animal fait ses besoins à un endroit inapproprié. Toutefois, cela ne devient un problème que lorsque le chiot a plus de six mois. Passé cet âge, il faut revoir la méthode d’éducation.
La malpropreté d’un chiot
Un jeune chien doit aller à l’extérieur fréquemment pour faire ses besoins et il doit y retourner peu après le retour de son maître. Ce dernier doit donc le sortir quand il arrive à la maison, mais en adoptant une certaine neutralité à son égard — il ne doit pas caresser son animal, le regarder ni lui parler avant que celui-ci ait fait ses besoins. Par la suite, il peut lui accorder de l’attention. Attention! un chiot de quatre mois peut se retenir durant un maximum de cinq heures. Au-delà de ça, il développera de l’anxiété ou il restera malpropre. Même si l’animal a fait ses besoins dans la maison ou dans sa cage durant l’absence de son maître, celui-ci doit l’emmener à l’extérieur.
Pendant ce temps, une autre personne nettoiera les dégâts afin que le chiot ne la voie pas faire, puisque cela constitue une forme d’attention. De plus, au moment du nettoyage, il est primordial d’éliminer les odeurs. Étant donné que l’urine renferme du chlore et de l’ammoniac, les produits nettoyants qui contiennent de l’ammoniac renforceront l’odeur; ils indiqueront au chien qu’il peut utiliser l’endroit en question pour se soulager. Il est donc préférable de nettoyer le lieu souillé avec de l’eau et du vinaigre. Enfin, sachez que réprimander l’animal ne fera qu’augmenter son anxiété.
L’APPRENTISSAGE DE LA PROPRETÉ — 1RE ÉTAPE
La première étape consiste à régler le système physiologique de l’animal de sorte à mieux anticiper ses envies et à lui montrer qu’il faut se soulager à l’extérieur. Pour ce faire, il faut établir les routines suivantes:
- Il faut mieux gérer l’espace auquel l’animal a droit dans la maison ainsi qu’à l’extérieur afin de pouvoir l’observer en tout temps.
- Il faut lui offrir des repas à des heures fixes afin de régulariser ses systèmes digestif et urinaire.
- Il faut retirer ses bols après 15 minutes, même s’il n’a pas fini de manger et de boire. Ainsi, sa faim et ses envies seront donc plus prévisibles.
- Il faut limiter son accès à l’eau. L’animal peut boire à la suite d’un exercice physique et d’un repas, mais pas durant la nuit ni pendant les absences de son maître.
- Il faut éviter de lui offrir des friandises (des restes de table, des biscuits, etc.), et ce, même dans le cadre de son éducation. Ces récompenses pourront servir à renforcer positivement son éducation lorsqu’il sera propre.
- Il faut éviter de le flatter de façon automatique. En effet, s’il a uriné dans une autre pièce et qu’il vient voir son maître, qui le flatte (ne sachant évidemment pas qu’il vient de faire ses besoins sur la moquette de la chambre à coucher), l’animal interprétera cette caresse comme une récompense de sa dernière action (soit du fait qu’il s’est soulagé à l’intérieur). Le maître doit donc toujours lui demander de s’asseoir d’abord. Le chien associera la récompense à son obéissance au commandement «assis!».
- Tous les membres de la famille doivent utiliser les mêmes techniques d’éducation afin que celles-ci soient constantes et cohérentes.
- Si l’animal fait ses besoins dans la maison, il ne faut pas nettoyer les dégâts devant lui pour ne pas qu’il associe cela à une forme d’attention.
L’APPRENTISSAGE DE LA PROPRETÉ — 2E ÉTAPE
Vous avez mis tous les éléments de la première étape en application. Il est maintenant temps d’apprendre à votre chien à faire ses besoins à l’extérieur.
C’est l’heure du repas. Vous fournissez les bols de nourriture et d’eau à votre animal, vous lui laissez 15 minutes pour se nourrir et s’abreuver, puis vous retirez les bols. Les 15 minutes suivantes sont primordiales. Vous devez lui donner accès à une seule pièce afin de l’observer. Durant cette période, s’il commence à se désintéresser du jeu, à renifler le sol et à chercher une certaine surface, vous devez interrompre ces séquences comportementales (en tapant dans vos mains ou en prononçant son nom), puis l’amener rapidement à l’extérieur, à l’endroit déterminé pour ses besoins. Il doit être tenu en laisse, et il faut que vous soyez présent. Toutefois, vous ne devez pas inter- agir avec lui afin de l’encourager à faire ses besoins. Si vous le touchez ou si vous lui parlez, il oubliera d’uriner et le fera à son retour à la maison. Votre animal et vous devez rester à l’extérieur durant deux ou trois minutes.
L’animal n’a pas fait ses besoins?
Vous le ramenez à l’intérieur et, cette fois, vous le restreignez vrai- ment. Un chien habitué à sa cage peut être mis en cage; les autres peuvent être attachés au moyen d’une laisse nouée autour de la taille de leur maître ou d’un objet situé dans la pièce où le maître se trouve. Les animaux âgés de 6 à 12 mois doivent rester ainsi durant une période de 30 minutes, et ceux qui ont plus d’un an, pendant 45 minutes. À la suite de cette attente, emmenez votre chien à l’extérieur et répétez l’exercice (ignorez l’animal et attendez deux ou trois minutes). S’il ne fait toujours pas ses besoins, retournez à l’intérieur et restreignez de nouveau sa liberté pour la même durée.
L’animal fait ses besoins à l’extérieur?
Bravo! Vous devez lui montrer votre appréciation, mais attention! tout en respectant le point 5 de l’étape 1, soit vous abstenir d’offrir des friandises à votre chien dans le cadre de son apprentissage de la propreté. Récompensez-le en le caressant, en lui donnant de l’attention et en le laissant libre dans la maison.
L’animal a uriné, mais n’a pas fait de selles?
Laissez-le se mouvoir librement dans la pièce de la maison où vous vous trouvez. Déterminez ensuite une période allant de une à quatre heures (selon l’animal), à la suite de laquelle vous emmènerez de nouveau votre chien à l’extérieur et vous répéterez l’exercice.
ENSEIGNER À «DEMANDER LA PORTE»
L’animal est maintenant propre, mais il ne montre pas qu’il a besoin de sortir. La solution est simple: il suffit d’attacher une petite cloche sur la poignée de la porte de sorte qu’elle soit à la hauteur du nez du chien. Lorsqu’on s’apprête à ouvrir la porte à son animal, on pointe la cloche du doigt, et le chien la sent. Volontaire- ment, on la touche du doigt afin qu’elle sonne. Lorsqu’elle sonne, on dit: «Bon chien!», et on ouvre la porte. L’animal finira par l’actionner lui-même lorsqu’il voudra sortir.
LE SAVIEZ-VOUS?
Les pipis d’excitation
Les pipis d’excitation se produisent généralement quand le maître revient à la maison ou qu’il reçoit des visiteurs. Réprimander l’animal ne fera que susciter sa soumission. Pour régler ce problème, il suffit de provoquer les situations: entrer à la maison, puis en sortir; entrer de nouveau, puis ressortir, et ce, toujours en ignorant le chien. Rapidement, celui-ci se désintéressera de la personne et ne sera plus excité au point d’uriner.
Les pipis de soumission
Ce problème traduit en fait un trouble émotif. D’abord, il faut éviter de regarder l’animal dans les yeux, de le surplomber et de lui caresser la tête. Lorsqu’on veut le flatter ou lui accorder de l’attention, il faut d’abord détourner le regard, puis s’accroupir à ses côtés. Lorsqu’on attend des visiteurs, il est bon d’instaurer une période de jeu juste avant leur arrivée pour lui changer les idées et, quand quelqu’un sonne enfin à la porte, de lui demander d’aller chercher un jouet, par exemple, afin qu’il se concentre sur autre chose. Avec le temps, il apprendra à banaliser l’arrivée des visiteurs. Évidemment, ces techniques ne changeront pas le fait que c’est un animal de type soumis, mais cela éliminera les pipis de soumission. Lui enseigner de nouveaux commandements sans utiliser de laisse l’aidera également à développer sa confiance.
Les pipis territoriaux
Les pipis territoriaux apparaissent souvent quand un maître demande à son animal d’utiliser des coussins antifuites pour faire ses besoins à la maison. Le chien interprète ce geste comme une permission d’utiliser l’espace du maître pour se soulager. Au départ, cela fonctionne généralement bien. C’est au fil du temps que l’animal recommence à être malpropre, car il veut soudainement s’approprier d’autres espaces de la maison. Ce type de marquage dénote souvent de l’anxiété.