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Mon chien qui jappe...

La vocalisation excessive

par Richard Beaudet éthologue

L’aboiement est une manifestation normale chez le chien, bien qu’il soit mal perçu dans notre société.

Les causes

Le chien émet naturellement des vocalisations, et la sélection des individus (l’élevage) a permis le développement exagéré de  ce moyen de communication. La sélection a favorisé l’aboiement afin que l’animal avertisse lors d’intrusions. Le chien apprend naturellement à aboyer, et ce comportement se développe avec l’âge. Un chien «gardien» (qu’il soit de  petite ou de grande race) aboie avec modération à l’arrivée d’un visiteur et est apprécié pour ses avertissements. Généralement, il ne mord pas et n’attaque pas. Toutefois, le chien peut étendre ses aboiements à tout ce  qui bouge dans son environnement et développer de l’agressivité. Bien que certaines races soient réputées pour être très bruyantes, l’hérédité n’est pas la seule explication à ce problème.

L’environnement familial et la présence de  plusieurs chiens auraient tendance à augmenter la fréquence des aboiements. Cependant, puisque la majorité des plaintes formulées concernent des chiens d’environ deux ans, on peut croire que l’environnement influence beaucoup ce comportement. En effet, le  chiot commence à aboyer vers quatre mois. Au début, les propriétaires et les visiteurs trouvent ce comportement mignon et, souvent, l’encourage.

Berger allemandBerger allemand

Vers le huitième ou le neuvième mois, les visiteurs commencent à trouver les aboiements beaucoup moins rigolos. Le chiot a grossi, il est devenu mature, et les aboiements sont plus menaçants. Cette forme de  menace est renforcée  par les réactions d’évitement ou de crainte manifestées par certains visiteurs.  Le chien apprend alors à manipuler son environnement et  à obtenir  une réponse de la part des humains. D’autres exemples de renforcements s’observent lorsque les maîtres réagissent aux aboiements de  leurs chiens. L’animal aboie pour attirer l’attention de  son maître ou pour dissiper sa peur ou son anxiété à la suite d’une stimulation.

Quoi qu’il en soit, le  chien  aboie afin de transmettre  un  message, et il  adopte ce comportement lors d’une situation de conflit. Mais il est important de comprendre qu’un chien qui aboie n’est pas nécessairement agressif. Par exemple, aboyer à l’arrivée de visiteurs représente  souvent  un cri d’alerte, mais ne témoigne pas un désir de  passer à l’attaque.

L’aboiement peut être causé par divers facteurs, notamment par de l’anxiété de séparation en l’absence de  l’être d’attachement, de  la peur ou par une obsession compulsive. Toutefois, dans la majorité des cas, l’éducation de  l’animal parvient à régler le  problème. D’abord, il est important de  savoir que chaque comportement comporte plusieurs séquences. Par exemple, un chien à la maison regarde à l’extérieur et voit un déclencheur (un  chat, un écureuil, le facteur, etc.). Il s’agite et s’excite, puis il aboie.

Idéalement, le maître doit interrompre la séquence comportementale dès l’agitation et l’excitation en émettant un son ou en tapant dans les mains, puis en appelant l’animal. Si ce dernier se trouve dans une autre pièce et si le maître ne peut intervenir avant l’aboiement, il doit agir dès le  premier jappement. Cette intervention interrompra la séquence au moyen d’une distraction. Lorsque l’animal obéit et vient vers son maître, celui-ci doit lui demander de s’asseoir; plus souvent qu’autrement, le chien cessera d’aboyer.

Le pourquoi du comment

Puisque le maître lui apprend à venir vers lui à chaque jappement, l’animal finit par comprendre qu’il aboie pour avertir son maître plutôt que pour servir son propre intérêt. Malheureusement, de nos jours, l’humain est souvent occupé et il ne peut pas toujours intervenir au bon moment. Certains outils éducationnels, comme les colliers anti- aboiement à jets d’air comprimé, peuvent contribuer à interrompre la séquence comportementale lorsque le maître ne se trouve pas à proximité de l’animal. Ces colliers sont munis d’un détecteur qui déclenche un jet d’air  comprimé (inodore  ou parfumé à la citronnelle)  très  bref et dirigé vers le visage de  l’animal.

Bien que ce  jet soit indolore et inoffensif, il surprend l’animal, et son attention est détournée de  l’élément déclencheur durant quelques secondes. Le maître doit tout de même l’appeler afin qu’il  change de  pièce ou de lieu. Le taux de  succès de  cette méthode d’éducation lorsqu’elle est combinée au collier anti-aboiement est d’environ 60 %. Quand le chien comprend que le collier se met en fonction lorsqu’il jappe et que son maître l’appelle ensuite, il est temps de lui retirer le collier.

Dorénavant, lorsque le  chien aboiera, son maître lui dira: «Non!» Généralement, le chien cessera de  japper et viendra vers lui. Sinon, le maître devra lui remettre le  collier. Rapidement, l’animal comprendra que le jappement sera suivi d’un «Non!», puis d’une punition, soit le port du collier (qu’il n’apprécie généralement pas) s’il n’obéit pas.

Ça ne fonctionne pas…

L’aboiement est une réaction naturelle et légitime. C’est l’abus qui est intolérable. C’est pourquoi il est important de permettre à un animal de s’exprimer une fois, mais pas davantage. De plus, il doit comprendre qu’il doit aller retrouver son maître chaque fois. Pour favoriser son apprentissage, il faut activer l’élément déclencheur (la sonnette de la porte, par exemple): il est bon de demander à une tierce personne de sonner à la porte de façon répétitive, soit chaque 30 ou 60 secondes. Au départ, le chien jappera sans cesse. Mais, au fil du temps, il s’épuisera et finira par aller retrouver son maître. À ce moment, celui-ci devra lui ordonner de s’asseoir.

Une fois que l’animal s’exécutera, le maître le flattera rapidement, puis ira ouvrir la porte. Après quelques répétitions, le chien comprendra que son maître n’ouvrira la porte que lorsqu’il se sera calmé; il comprendra aussi que l’aboiement n’entraîne rien de favorable. Le maître ne doit donc pas empêcher son animal de l’avertir qu’il y a quelqu’un à la porte, et le chien doit apprendre qu’il faut qu’il se calme et qu’il aille retrouver son maître pour que la porte soit ouverte.